Le Campus Saffraanberg

Saffraanberg : un site à vocation pédagogique

Au début du XXe siècle, la communauté religieuse des Ursulines fait construire à Saffraanberg un gigantesque cloître qui doit servir d’internat pour les jeunes filles de la bonne société européenne. La Première Guerre Mondiale met fin à ce projet ambitieux. Au lendemain de celle-ci, l’État belge installe dans l’ancien couvent, qu’il a racheté pour la modique somme de deux millions de francs, l’école des Pupilles de l’armée. Dans les années ‘30, les Cadets prendront la relève.
Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, Saffraanberg, qui devient un important maillon de la défense antiaérienne allemande, abrite l’état-major de la base de Brustem toute proche. La vocation pédagogique ne disparaît pas pour autant. L’occupant y forme les assistants du contrôle aérien. Par miracle, le site échappe à un bombardement à haute altitude, au cours duquel est testé un nouveau système de guidage des avions alliés.

A British Touch

Dans l’Entre-deux-Guerres, les techniciens destinés à l’aéronautique militaire belge sont formés à Evere. Le lien avec cet ancêtre de l’École Royale Technique actuelle se rompt dans la débâcle de mai 1940. C’est en Angleterre que le flambeau va être rallumé en octobre 1944. À cette date, la section belge de la Royal Air Force (RAF) obtient enfin l’autorisation d’ouvrir à Snailwell une « Belgian Initial Training School ».

À côté d’une école de pilotage élémentaire figure désormais une école technique baptisée « Technical Training School ».

Il faut attendre octobre 1946 pour voir cette dernière achever son déménagement vers Saffraanberg. La « British touch » est conservée. Les hommes portent encore l’uniforme de la RAF, mais c’est surtout le pragmatisme anglo-saxon qui a prouvé son efficacité en temps de guerre qui continuera pendant longtemps d’influencer la pédagogie : de la théorie (juste ce qu’il faut) avec énormément de supports didactiques (pièces détachées, maquettes, découpes de moteurs…).

Tel le Phénix

Le 8 août 1948, un incendie d’une rare violence détruit les bâtiments. Le précieux matériel est anéanti. Cette fois, pas de miracle ! Du cloître des Ursulines, il ne reste que quelques murs et les caves. L’École Technique émigre vers Tongres à la Caserne Ambiorix. Pendant l’exode qui dure jusqu’en 1952, les maçons se mettent au travail.

À côté d’un grand quadrilatère sur l’emplacement même de l’ancien couvent, ils construisent une quinzaine de bâtiments aux tuiles rouges qui doivent surtout servir aux logements. Il est vrai que nous sommes en pleine guerre froide et que le nombre des élèves dépasse les deux mille unités. Des baraquements en bois (qui ont disparu) sont d’ailleurs montés en urgence pour pallier au manque de locaux.

Un diplôme homologué

À la fin des années 50, la tension internationale retombe. La durée du service militaire est ramenée de deux à un an. Les miliciens ne peuvent plus être formés comme techniciens. Quant aux sous-officiers techniciens, toute promotion mais surtout toute conversion sur matériel imposent un séjour à l’E Tech et donc une absence en base. Or, la troisième génération des avions à réaction a fait son apparition. La Force aérienne décide de briser le moule britannique en donnant une formation de base plus poussée à ses techniciens, ce qui doit leur permettre de s’adapter rapidement en cours de carrière.

L’École Technique Secondaire Supérieure (ETSS) est créée par l’Arrêté Royal du 7 avril 1959. Elle accueille les futurs techniciens des trois Forces. Formés par des professeurs civils, ils se voient délivrer, en fin de cycle, un diplôme A2 homologué.
Il y a désormais deux divisions de formation à Saffraanberg. En effet, après avoir reçu une formation plutôt généraliste à l’ETSS (c’est-à-dire D1), les candidats sous-officiers techniciens passent à la division des cours spécialisés (c’est-à-dire D2) pour y être entraînés sur les matériels utilisés par la Force aérienne.

Après le feu, l’eau

Dans le courant de l’année 1967, le bâtiment qui a succédé au couvent se met à émettre des bruits bizarres. Les portes se coincent, les vitres volent en éclats. Un jour, tel le tonnerre, un craquement tonitruant et sinistre retentit. Le bloc-école vient de se briser. Après bien des recherches, une explication est trouvée. La canalisation reliant le puits au château d’eau s’est brisée et a débité des milliers de litres d’eau qui ont rincé les fondations. Finalement, celles-ci ne reposaient plus que sur le vide. Vu le poids considérable de l’édifice, celui-ci a fini par se désarticuler et céder. Une solution rapide intervient en 1968 sous la forme de constructions préfabriquées ultramodernes aux teintes bleutées. Celles-ci devaient tenir 10 ans, au maximum 15. Elles sont toujours là aujourd’hui !

Un perpétuel combat : s’adapter et évoluer

L’évolution technologique conditionne la vie de l’École Technique qui, par ailleurs, est largement ouverte sur le monde extérieur. Imitant le secteur civil, elle accueille les premiers professeurs féminins en 1976, suivis de près par des élèves féminines. Juste retour des choses pour un ancien couvent ! Profitant d’une collaboration universitaire soutenue, Saffraanberg installe une des premières banques de questions informatisées du pays et optimalise de la sorte l’évaluation de ses élèves. Ceux-ci profitent toujours rapidement des modèles du dernier cri dans le domaine de l’audiovisuel. La date d’introduction du rétroprojecteur, dont chaque classe est équipée, s’est perdue dans la nuit des temps. Chaque bloc de cours dispose d’une salle de projection vidéo. Et aujourd’hui, l’implantation du multimédia et de l’enseignement assisté par ordinateur est terminée.

Pendant plus de 30 ans, un Spitfire, avion emblématique de la Seconde Guerre Mondiale rappelant les origines de l’école, a trôné à l’entrée de l’établissement. Son remplacement par un F-104, même s’il donnait de l’École Technique de la Force aérienne une image plus moderne, voire plus futuriste par sa forme élancée, suscita l’irritation nostalgique des anciens. Mais dans les hangars, c’est sur des F-16 que s’entraînent les élèves. Avion de la quatrième génération, le F-16 est littéralement bourré d’électronique et de systèmes informatisés. Dès 1988, un centre informatique digne de ce nom est créé au sein de l’E Tech. L’introduction des matériaux composites, des fibres optiques, de nouvelles techniques d’inspection qualifiées de non destructives… sont autant de chambardements et représentent bien plus qu’un simple dépoussiérage d’anciennes matières ou habitudes.

1994 une année mémorable

L’année 1994 est en tous points remarquable pour Saffraanberg. C’est que l’École Technique (E Tech) est devenue une vieille dame respectable. Cinquante années la séparent désormais de sa création en Angleterre. Une grande parade militaire est organisée sur la Grand-Place de Sint-Truiden.
Au cours de celle-ci, le chef d’État-Major de la Force aérienne, le Lieutenant-général aviateur Vanhecke remet au Chef de Corps un diplôme autorisant l’E Tech à porter le qualificatif de « Royale ».

Prêt pour XXIe siècle

Entre-temps, le mur de Berlin s’est écroulé et a entraîné dans sa chute l’ennemi potentiel. Peu d’unités sont épargnées par les plans successifs de restructuration. La seule perte pour Saffraanberg est la disparition, suite au nouveau statut du sous-officier, de la première année du cycle A2 qui est donc ramené à deux ans. Par contre, la fermeture d’autres unités entraîne un gonflement substantiel de l’École Royale Technique
(E R Tech). Ainsi, le Centre de Formation Militaire de Koksijde et les cours non techniques de Bevingen rejoignent Saffraanberg. Gérant désormais quatre directions, le groupe académique prend le nom de « Groupe de formation ».

Si l’on excepte la phase de spécialisation des contrôleurs aériens, des météorologues et des pompiers, c’est l’ensemble de la formation du personnel non-navigant de la Force aérienne et certaines phases de la formation des officiers pilotes auxiliaires qui est alors assurée à Saffraanberg. Ainsi étoffé, l’ensemble du personnel se trouve à l’étroit. Heureusement, l’inauguration officielle de l’imposant bâtiment principal (Bloc 13) rénové se déroule en mai 2001.
L’E R Tech dispose désormais de locaux qui permettent un enseignement moderne et efficace dispensé par un cadre tant militaire que civil motivé. Les élèves, exigeants et volontaires, y trouvent donc un environnement pédagogique digne du XXIe siècle où tout sera mis en oeuvre pour leur réussite !

Nouveau siècle,

Nouvelles structures,

Nouveaux défis… 

Depuis septembre 2000, l’École Royale Technique a relevé, et relève chaque jour, un nouveau défi, celui de la formation des candidats sous-officiers en fonction du « Nouveau Concept Formation des Sous-officiers ».
En 2002, un nouveau séisme frappe Saffraanberg comme l’ensemble de la Défense. Le plan de restructuration est certes moins ponctuel et dramatique qu’un incendie ou un bombardement mais, s’inscrivant dans le long terme, il modifie profondément les structures, le fonctionnement et les mentalités.
À partir de 2006, notre école envisage de nouveaux défis profonds ; hormis le déménagement de la Division Préparatoire à l’École Royale Militaire (DPERM)

du site Laken vers le Campus Saffraanberg le 17 août, à partir de l’année scolaire 2007-2008 les deux autres écoles des sous-officiers de Zedelgem et Dinant seront intégrées à Saffraanberg. Dès lors, toutes les formations militaires de base, les formations communes continuées des sous-officiers, ainsi que et l’instruction générale technique pour techniciens seront données à Saffraanberg, sous le nouveau nom École Royale des Sous-Officiers (ERSO). De ce fait, le nombre d’élèves connaîtra des sommets atteignant le nombre de 1400.
Afin de pouvoir accueillir et guider ces élèves dans les meilleures conditions, des travaux d’infrastructure

ont commencé en 2005 : les blocs existants seront rénovés en profondeur et transformés en blocs de cours ou de logement. Ces travaux sont nécessaires pour pouvoir accueillir 800 élèves en régime d’internat.
À partir de ce moment, la formation technique spécialisée est dispensée dans le nouveau Centre de Compétence de la Formation Appui – Département Technique Air (CC Sp Dept Tech Air) et se trouve également sur le campus de Saffraanberg. Le département reprend les traditions du K Tech S.

Afin de s’adapter aux nouvelles directives européennes relatives à la formation du personnel technique de l’aviation, une restructuration aura lieu au sein de l’école en 2016.

En 2016, les tâches du Département Formation Scolaire (DFS) et CC Sp Dept Tech Air ont été transférées aux autres départements. Le Département Formation Technique (DFT) coordonne depuis cette année la formation des techniciens de première et de deuxième année et la formation des élèves de la Division Préparatoire à l’École Royale Militaire (DPERM).

L’année 2020 est une année riche en événements avec la création de la Division Préparatoire Cadre (DP Cadre) sous l’égide du Département Formation Technique (DFT), comprenant à la fois la Division Préparatoire à l’École Royale Militaire (DPERM) et la Division Préparatoire Technique (DP Tech) pour ceux qui veulent commencer la formation de sous-officier technicien à l’ERSO. En janvier, pour la première fois, des élèves supplémentaires ont été ajoutés à l’année scolaire déjà en cours à la DPERM.

À la mi-mars, le monde entier se tait à cause du coronavirus. Le Campus Saffraanberg ferme également ses portes, tout le monde travaille à domicile et les cours sont adaptés et dispensés par des moyens numériques.

Le 18 mai 2020, tous les élèves, candidats et cadres seront de retour sur le Campus pour poursuivre leur formation. Le programme a dû être adapté et chacun fait de son mieux pour bien terminer l’année scolaire sans avoir à faire trop de compromis sur la qualité et les objectifs de la formation.

L’année scolaire 20-21 contient également un changement important car un certain nombre de modules au sein du Département Formation Militaire sont en cours de restructuration, à la suite de quoi les candidats ne seront sur le campus que pendant 5 mois pour leur formation militaire de base. Cela permettra d’organiser deux sessions de formation de base par an et les candidats pourront commencer leur formation spécialisée plus rapidement.

Le Campus vit et grandit avec la société et avec les besoins de La Défense.